` Anne-lise RIAS
Le futur du travail des femmes, une recherche-projet participative

Note d'intention du projet

Contexte

La prise de conscience des effets des activités humaines sur l’écosystème Terre, regroupés sous le mot Anthropocène (1), nous pousse à agir en faveur d’une « redirection écologique » – selon le terme emprunté au théoricien du design Tony Fry. Il s’agit alors de renoncer (2) volontairement à des pratiques, organisations et imaginaires incompatibles avec un futur viable et enthousiasmant dans les limites et frontières terriennes qui s’imposent.

Nous considérons que le travail des femmes est pensé, organisé, pratiqué et représenté comme un des rouages du mécanisme anthropocénique : une logique d’extraction et d’exploitation, aidée de moyens technologiques, verrouillé par un système politique et économique et dont les bénéfices profitent en large part à une minorité de personnes tandis que la majorité subit de nombreux effets délétères.

Nous considérons que le travail des femmes est en ce sens devenu un terrain stérile, notamment à cause d’imaginaires dominants. Lorsque le sujet du travail des femmes et des femmes au travail est représenté, c’est souvent :

  • sous des aspects socio-économiques négatifs (inégalités de salaires, hiérarchie des genres dans les organisations, mixité sectorisée, travail gratuit, temps de travail et vie perso, temps partiel imposé…),
  • sous le prisme de la santé et de la biologie comme facteur discriminant (harcèlement et agressions sexuelles au travail, charge mentale, congé maternité, force physique, …),
  • ancré dans un héritage culturel et historique fait de luttes (« mère-courage », grève des femmes, ouvrières exploitées, « autocensure » à dépasser, évolutions des lois, femmes devenues « role models », …).

Nous avons l’intuition que ces grilles de lecture sont massivement diffusées (à notre connaissance, au moins en France) et souvent reprises, notamment par les femmes elles-mêmes, pour décrire leurs réalités de travail, se penser et penser leur travail. Qu’ainsi, ces représentations dominantes saturent nos imaginaires et peuvent nous affecter : démobilisation, déresponsabilisation, surdétermination ou impossibilité à se déterminer. Nous supposons que nous pouvons renoncer à ces imaginaires dominants, qu’ils peuvent être déconstruits ou redirigés pour permettre à d’autres d’émerger.

Objectifs

1. Ce projet vise d’abord à recueillir et mapper les imaginaires existants pour identifier des récits dominants et des micro-récits plus exceptionnels.
2. Il vise ensuite à explorer les attachements et dépendances (économiques, identitaires, symboliques, technologiques, culturels, …) qui lient Femmes et Travail, à en rendre compte de manière tangible et sensible, puis à envisager de renoncer à tout ou partie de ces liens.
3. Il proposera enfin des hypothèses de changements et les alimentera pour ouvrir à de nouveaux récits et représentations du travail des femmes et des femmes au travail, des pistes qui pourraient influencer nos façons de penser, rediriger et expérimenter le travail des femmes à l’avenir.

(1) Atlas de l'anthropocène, 2019, édition Les Presses de Sciences Po
(2) ORIGENS laboratoire de recherche sur l'anthropocène et ses effets, notamment sur les organisations et le métier de designer, en particulier sa proposition de Design de protocoles de renoncement. Basé à Clermont-Ferrand origensmedialab.org

Note d'intention rédigée en 2020 pour candidature à la bourse Agora du design pour la recherche
Projet porté par Atelier 2135, un atelier de recherche-design indépendant, fondé en 2018 par Anne-lise Rias et croisant Anthropocène X Condition féminine.
Pas de visée commerciale, projet sous licence Creative Commons BY-NC-SA v2020